vendredi 7 janvier 2011

Tu te lèves en plein milieu au prétexte d'aller chercher un truc dans la cuisine. Un truc, n'importe quoi. Juste pour couper le flot. Le flot de paroles.
Ils sont là, tous et toutes. Heureux, contents, du moins si l'on s'entient à l'expression de leurs regards. Assis autour de la table comme si rien d'autre ne comptait.

Dans la cuisine tu fermes la porte et regardes par la fenêtre pour te changer un peu les idées.
Le jardin en contrebas et ses hortensias jaunis, l'herbe rare, pas vraiment moyen de se changer les idées.
Bois un verre d'eau, lentement. Approche-toi de la porte et colle ton oreille. Qu disent-ils ?
Cécile, ta cousine, est la plus mystérieuse de puis que tu as percé son jeu, ce qui ne signifie pas que tu comprennes. Elle encense tes parents avec une surpenante absence de vergogne, et rit comme une petite folle avec ta soeur.

Trop lâche, tu ne dis rien et ris aussi avec eux tous, hi hi hi.
Jadis, ta cousine comprenait ta révolte, aujourd'hui il semble quelle te pique la place. Mais il n'y a rien à faire, tu ne peux que laisser aller les choses. Impossible de te battre pour t'insérer dans ce groupe.
Il y a la mère, la sorcière, la cheftaine, qui contrôle tout le monde, Cécile comprise.
Il y a le père, aux ordres de la mère, qui rit tout le temps comme s'il n'y avait pas de quoi pleurer, et qui se lève pour faire le service.
Il y a la soeur, qui rit aussi, grosse, flasque et sans amis, peut-être heureuse parce que ça bouge autour d'elle - on ne sait même pas si elle pense.
Il y a Cécile, rayonnante, son entente avec la mère fait d'elle la star du déjeuner, on n'entend qu'elle.
Il y a son mari, l'insipide Jean-Marc, qui rit aussi.
Avoue que tu riais aussi, pour faire semblant d'y être.
Eux aussi, font-ils semblant ?
Alors, la pause est fini, retourne, jette toi à l'eau.

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